La semaine dernière, je suis allée voir Kaguyahime, Princesse de la lune, le premier ballet de la saison 2012-2013 des Grands Ballets Canadiens. Il s'agit d'une adaptation d'une très vieille et très populaire légende japonaise, Le Coupeur de bambou.
Ouvrez grand vos oreilles...
Il était une fois un coupeur de bambou, qui découvrit un jour dans une tige de bambou une enfant, d'une extraordinaire beauté. Il l'éleva comme sa fille, et la beauté de cette dernière fut bientôt connue dans tout l'Empire du Soleil Levant. On la surnomma Kaguyahime, "celle dont la beauté brille la nuit". Des prétendants se pressaient à la porte du modeste coupeur de bambou pour apercevoir en vain la jeune fille, et se battaient entre eux avec une grande violence. L'Empereur, bientôt informé de ces troubles, exprima le désir de rencontrer Kaguyahime. Ebloui par sa beauté spectaculaire, il lui proposa lui aussi de l'épouser. Mais la jeune fille refusa : venue de la lune, elle devrait quitter la terre lors de la prochaine pleine lune. L'empereur, furieux, ordonna de la surveiller pour l'empêcher de s'échapper. Le jour de la pleine lune, une puissante lumière aveugla l'empereur et ses soldats, et permit à Kaguyahime de retrouver son monde lunaire.
C'est joli, non ?
C'est le compositeur japonais Maki Ishii, qui a d'abord composé une oeuvre inspirée de ce conte, puis qui a demandé au chorégraphe tchèque Jiri Kylian de créer une chorégraphie pour sa musique. C'est donc la musique qui a précédé la danse. Et il est vrai que le son des percussions traditionnelles japonaises et occidentales, qui résonnent et interagissent avec les danseurs tout le long, a une part majeure dans la création de l'univers énigmatique et solennel de Kaguyahime.
Le spectacle est aussi très beau visuellement, et témoigne d'un très grand travail sur les jeux de lumière et le décor. L'ensemble est assez fascinant, et la magie visuelle se conjugue à merveille avec le son entêtant et austère des percussions.
Et la danse dans tout ça ? Et bien la danse m'a paru presque secondaire dans ce spectacle. Comme si le point d'attraction s'était déporté des danseurs vers l'orchestre, ou bien vers la trame narrative, en encore vers le décor monumental et les créations lumineuses. Comme si la chorégraphie avait peine à habiter ces habits un peu trop grands et ambitieux pour elle. Hormis quelques chorégraphies de groupe, que j'aurais aimé plus nombreuses, les mouvements étaient retenus et trop statiques.
Kaguyahime est une sorte de spectacle total, où l'histoire racontée, la beauté du décor et la musique ont une importance et une beauté telles que la danse semble s'être, je trouve, un peu laissée déborder.
Vivement tout de même les prochains rendez-vous des Grands Ballets, Casse-Noisette en décembre puis La Lanterne Rouge en février !