Ce matin, dans le journal, je lisais : "Préparez votre pelle. Près de 150 cm de neige tomberont sur Montréal au cours des trois prochains mois, selon MétéoMédia. Les flocons et le froid seront donc au rendez-vous, contrairement à l'hiver dernier, qui était "une exception" estime Bertin Ossonon, météorologue chez MétéoMédia. "On a prévu que ce serait un vrai hiver pour Montréal, ajoute-t-il. On revient à nos hivers normaux". Il y aura des "poussées d'air doux", mais les températures avoisineront les normales de saison, avec des maximums de - 4 degrés Celsius et des minimums de -13 degrés Celsius."
Samedi, les premiers flocons sont tombés sur Montréal. Lorsque j'ai marché 20 minutes depuis un petit café du Mile End jusqu'au métro Laurier, j'ai commencé à comprendre ce qu'allait signifier l'hiver ici. Ce qui m'a rassurée, c'est d'entendre un "I'm freezing" grelotté par un passant. Il faisait donc objectivement froid. Je me serais plus inquiétée si j'avais croisé les hipsters du coin le cou à l'air à danser sous la neige.
L'hiver montréalais jusqu'à maintenant, c'était un peu un abstraction pour moi. Ils commençaient même à m'énerver tous avec leur hiver, à en faire des tonnes comme si c'était un phénomène surnaturel. Et quand je leur demandais s'ils n'exagéraient pas un peu, j'avais toujours droit au même sourire, qui voulait dire :"pauvre petite innocente, tu ne vas même pas comprendre ce qui va t'arriver...".
Sauf que l'hiver, ben il n'arrivait pas. Il a fait encore 15 degré il y a 10 jours. Je me croyais un peu dans Game of Thrones, où ils nous rabâchent à longueur d'épisode que "Winter is cooooooooming", à grand renfort de musique qui fait peur, mais pour l'instant on l'attend toujours, hein, leur sacré hiver.
J'avais finalement presque hâte qu'il s'en vienne, l'hiver, parce que je me sentais un peu comme l'idiote du village à n'effectivement pas savoir ce qui allait me tomber dessus. Quand des expatriés se rencontrent ici, ils parlent en hivers : "ah, c'est ton troisième hiver !" ou "ouais, c'est mon 6ème hiver à Montréal". Et quand je dis que je suis arrivée il y a deux mois, on me regarde soudain autrement, et on me dit : "aaaaah, mais tu vas vivre ton premier hiver". Immanquablement.
Il y a ceux qui le minimisent, en disant qu'avec un bon équipement, on s'en sort très bien. Et puis, au pire, il y a toujours la ville souterraine. Et il y a ceux qui s'amusent à me faire peur, en me laissant entendre que je vais vivre l'enfer sur terre. La réalité, comme souvent, est sans doute entre les deux.
Depuis quatre jours, il fait un froid assez glacial pour que je me décide enfin à ranger mes bottes parisiennes au placard, et à les remplacer par leurs collègues canadiennes, récemment acquises. Je me range du côté des optimistes qui pensent que tout est question d'habillement.
On s'en reparle d'ici le 1er décembre quand, si les prévisions sont bonnes, 5 cms de neige auront recouvert la ville.