jeudi 31 janvier 2013

Sublime et grotesque, au Pourvoyeur



Le restaurant où nous avions prévu de dîner était fermé, comme la plupart des restaurants du coin. Le lundi, beaucoup de commerces sont fermés à Montréal, et nous n'y avions plus pensé. Il avait neigé presque toute la journée, et je glissais presque à chaque pas sur la neige fraiche, parce que je n'avais pas mis mes bottes de neige ce jour-là (il n'avait pas neigé depuis des semaines, et toute la neige avait disparu des trottoirs). Nous avons marché environ quinze minutes dans le froid, avant de pousser la porte d'un asile inespéré, le Pourvoyeur. Les premiers pas dans la chaleur et la lumière douce d'un pub, après le froid et le silence de la rue, sont des instants magiques. La chaleur nous enveloppe et les bonnes odeurs de la cuisine, pleines de promesses, viennent réveiller l'appétit. Le bruit des verres et des conversations nous replonge soudain dans la sphère joyeuse des rencontres humaines, et achève de nous emmitoufler dans un confort sublime. Rien n'égale ensuite le délice de ces tout premiers moments. Lorsque la peau a déjà oublié les frissons du froid et que les plats nous sont servis, le bien-être devient une évidence que l'on oublierait presque, dans le feu des discussions.

Je me souviendrai du Pourvoyeur pour ces premiers instants attentivement savourés, mais aussi pour ma découverte de la Poutine, ce fameux plat québécois fait de frites, de fromage et de sauce brune. Je me doutais bien que ce serait infect, et j'ai attendu cinq mois pour oser franchir le pas. Mes réticences étaient justifiées. Les frites, qui avaient l'air si bonnes et croustillantes, dans les assiettes de mes voisins, étaient dans la mienne baignées dans une sauce qui les ramollissaient totalement. Quel gâchis... Si encore la sauce avait bon goût... Mais elle m'a fait penser à celle des raviolis en boite Buitoni. Au dessus de cette succulente mixture, trônent des bouts de fromage sans goûts, à peine chauds. A la question que l'on m'a cent fois posée "Et la poutine, tu as goûté ?", je pourrai désormais répondre "oui" et éviter les cris gentiment scandalisés que je provoquais en répondant par la négative. Mais ma curiosité ayant été seule satisfaite,  il est certain que la Poutine restera désormais bannie de mon vocabulaire gourmand montréalais.

Citation : André Carpentier, dans Ruelles jours ouvrables ou Extraits de café (je vais vérifier ça)

dimanche 20 janvier 2013

Mon anniversaire





Et oui, jeudi dernier, 17 janvier, c'était mon anniversaire. J'ai soufflé mes 28 bougies.

Cette journée-là, j'ai reçu beaucoup d'adorables messages, des appels de France, deux magnifiques cadeaux de la Copine du Bureau, un cadeau chocolaté d'Angela ma nouvelle coloc, une jolie carte de ma Maman, et un délicieux repas indien en compagnie de la Copine du Bureau, qui s'est décidément bien occupée de moi :)

Voilà, c'était une journée pleine de petits bonheurs.

dimanche 6 janvier 2013

C'est lui, ce ciel d'hiver illimité, fragile



"C'est lui, ce ciel d'hiver illimité, fragile
Où les mots ont la transparence et la délicatesse du givre,
Et la peau froide enfin son ancien parfum de forêt, 
C'est lui qui nous contient, qui est notre exacte demeure, 
Et nous posons des doigts plus fins sur l'horizon, 
Dans la cendre bleue des villages. "

Jacques Réda, Lente approche du ciel dans "AMEN"

mercredi 2 janvier 2013

J'ai perdu tous mes repères

Citation : Dany Lafferière, L'Énigme du retour

Montréal a changé de visage, et c'est toute blanche, recouverte d'une épaisse couche de neige, que je l'ai retrouvée dimanche. Un record a été battu : 47 cms de neige tombés en moins de 24h, ça n'était pas arrivé depuis 1971... Si l'on compte les quelques centimètres accumulés avant et après cette fameuse tempête, on peut imaginer le spectacle qui m'a accueillie à ma sortie de l'aéroport. Même les gens ont changé de physionomie : enroulés dans de grosses doudounes, chaussés de bottes de neige, la tête et le visage recouverts de bonnets et d'écharpes, ce ne sont plus que de grosses silhouettes un peu confuses que je croise dans les rues.
Le déneigement s'effectue peu à peu, très lentement (surtout qu'on est en pleine période de fêtes et de jours fériés), et en commençant bien sûr par les plus grosses artères. Autant dire que je ne suis pas prête de voir les trottoirs de ma rue dégagés, et que je profiterai encore pour longtemps de ce beau paysage en sortant de chez moi tous les matins. 
Je ne me lasse pas de cette atmosphère blanche, léthargique et silencieuse, qui règne ici depuis que je suis rentrée. Il fait très froid, -16 degrés aujourd'hui, et - 23 degrés en température ressentie. Les gens ne travaillent pas depuis hier, et les magasins sont fermés, car le 1er et le 2 janvier sont fériés. Je sais que la neige et le froid n'ont jamais empêché Montréal de vivre et de s'affairer, et que bientôt la ville reprendra une activité normale. En attendant, je savoure cette atmosphère et ce silence, seulement interrompu par la symphonie étrange des pelles raclant la neige.

Je vous laisse avec cette petite vidéo, prise dans ma rue lundi matin, en partant travailler. Ecoutez le silence !